L'exercice
auquel nous nous livrons dans cette partie est celui de la liste.
Avec pour méthode la variation, en laissant la liste ouverte.
Quelles sont diverses tonalités du temps vécu ? Quelles sont ses
« colorations », pourrait-on se demander un
reprenant à notre compte une métaphore de Bergson ?
Qu'est-ce
que le temps vécu "avec un adverbe" ? Qu'est-ce que
le temps patiemment vécu, par exemple ?
Au lieu de
nous en remettre au hasard en évoquant autant d'adverbes qu'il nous
passe par la tête, un minimum d'ordre sera introduit dans cette
enquête. Par un classement. D'abord la grande classe des adverbes
faisant référence aux états de conscience, positifs ou négatifs.
Ensuite les autres, pour prolonger l'interrogation en nous
concentrant sur la question de la relativité du temps vécu. Cela
semble en effet s'imposer, à partir du moment où les vécus sont si
divers et si diversement éprouvés par chacun de nous !
A. Les
déclinaisons du temps vécu comme affect faisant souffrir ou mettant
à l'épreuve notre personnalité.
Douloureusement
Pourquoi le
temps est-il si souvent douloureusement vécu ?
Bergson
insiste dans le troisième chapitre de l'Essai sur les données
immédiates de la conscience sur les caractéristiques propres de
nos états de conscience. Ceux-ci n'obéissent pas à la loi de la
conservation de l'énergie !
Une
observation simple à effectuer est celle de l'irritation. Non pas
irritation de la peau ou irritation biologique, mais irritation
psychologique. Son mécanisme est en effet étrange. Il suffit
parfois qu'une situation déplaisante se prolonge pour qu'elle nous
apparaisse bientôt comme tout à fait intolérable. Elle ne
s'aggrave pas. Elle se contente juste de perdurer. Rien ne vient
s'ajouter pour causer plus d'agacement, si ce n'est précisément le
temps qui passe, la durée dans laquelle se maintient un état de
fait.
Il faut
avouer que nous sommes irritables. Une personne nous irrite, non
parce qu'elle fait, mais parce qu'elle est là. Parce qu'elle n'a pas
disparu et nous "inflige" encore sa présence ! Une
situation concrète nous énerve, même si en soi elle n'est pas très
difficile à supporter. L'idée que les choses pourraient être
meilleures devient en effet obsédante. Et une simple sensation qui
se prolonge nous déplaît : "Une sensation, par cela seul
qu'elle se prolonge, se modifie au point de devenir insupportable. Le
même ne demeure pas ici le même, mais se renforce et se grossit de
tout son passé."
On aura beau
dire qu'il s'agit d'un renforcement imaginaire, quand il s'agit
précisément d'un état de conscience, de quelque chose généré
par notre manière de nous rapporter au monde et de nous définir ou
positionner dans ce monde !
Le fait est
que la même cause objective peut, dans la durée, par le simple
effet de sa répétition périodique, se colore subjectivement. Et
que nous ne tardons pas à nous en plaindre ! Et ceci est valable
d'une sensation quelconque. Sensation tactile de pression, de
chaleur. Sensation visuelle ou auditive. Un bruit même faible qui se
fait continuellement entendre devient une véritable torture ! Même
une sensation agréable peut changer du tout au tout au cours du
temps. D'abord son charme s'atténue. Nous nous habituons à ce qui
nous fait plaisir. Puis il est remplacé par du déplaisir.
Décidément,
nous, les êtres vivants et conscients, nous ne sommes pas faits pour
l'éternité !
Au chapitre
III, Bergson poursuit son propos par l'affirmation suivante, qu'il
faut lire avec précaution, en raison du double sens du terme
principal utilisé par lui, le mot "gain" :
"Tandis
que le temps écoulé ne constitue ni un gain ni une perte pour un
système supposé conservatif, c'est un gain, sans doute, pour l'être
vivant, et incontestablement pour l'être conscient.
(...)
Comme nous n'avons point coutume de nous observer
directement nous-mêmes, mais que nous nous apercevons à travers des
formes empruntées au monde extérieur, nous finissons par croire que
la durée réelle, la durée vécue par la conscience, est la même
que cette durée qui glisse sur les atomes inertes sans y rien
changer. De là vient que nous ne voyons pas d'absurdité, une fois
le temps écoulé, à remettre les choses en place, à supposer les
mêmes motifs agissant de nouveau sur les mêmes personnes, et à
conclure que ces causes produiraient encore le même effet."
Sur le
comportement de Gribouille. Comme exemple de conduite manquant
singulièrement de sagesse. Les réflexions d'Alain et de Sartre.
« Il y a des
malades qui se grattent et se donnent ainsi une espèce de plaisir
trouble, mêlé de douleur, qu'ils payent ensuite par des douleurs
plus cuisantes. De même que ceux qui toussent de tout leur cœur,
ils arrivent à une espèce de fureur contre eux-même. C'est une
méthode de Gribouille. » Propos sur
le bonheur, Paris, Gallimard (Folio), 1928, p. 144
« En un mot la
violence est choix de vivre à court terme... Et comme en fait l'acte
est défendu, cette défense entraîne finalement la certitude qu'il
n'y aura pas d'avenir. C'est pourquoi fréquemment le viol est suivi
de meurtre. Bien sûr l'explication donnée : empêcher qu'elle
parle. Mais c'est Gribouille. En fait il y a l'idée :
empêcher qu'il y ait un après
pour une conscience. » Cahiers
pour une morale, Paris, Gallimard, 1983, p. 188
Sur la fidélité comme
valeur reconnue mais détestée !
Mélancoliquement
La défiance envers l'idée
de progrès. Le mal du siècle
Nerval,
qui est de ceux qui, protestant contre l’ordre établi, s’est
engagé dans le camp des Républicains, éprouve une
immense déception au lendemain des Trois Glorieuses.
Il s’éloigne d’une époque qui n’offre à ses yeux plus de
«magie romantique » et, revenu
de toutes ses illusions après l’échec de la révolution de 1848
et l’instauration de l’empire autoritaire au lendemain du coup
d’état du 2-12-1851, souffre, plus encore que ses aînés,
du « mal
du siècle ». Exclus
de la vie politique comme de la vie économique qui se développe
au début
de la révolution industrielle,
les Romantiques font de la fuite
dans l’ailleurs (l’exotisme
du Voyage
en Orient),
dans
le passé (la
revalorisation du Moyen-Âge, de la Renaissance, du temps des
druides), dans
l’irréel (« l’épanchement
du songe dans la vie réelle »),
ainsi que de l’exaltation artistique, le remède
à
leurs maux en même temps qu’une protestation
contre le triomphe de la bourgeoisie et des valeurs matérialistes.
C’est à ce romantisme qu’appartient le retrait mélancolique
dans les choses de l’esprit qui caractérise le narrateur-
personnage de Sylvie
dans
le chapitre « Une
soirée perdue ».
http://blog.crdp-versailles.fr/numance/index.php/pages/introduction-à-la-lecture-de-sylvie-de-Nerval
Malgré
l'inéluctable entrée dans l'ère de la bourgeoisie et
l'irréversible passage à l'ère du commerce et de ses transactions,
les petits arrangements commerciaux, le deuil impossible de l'âge
héroïque.
Une absence
de repères
1er
chapitre :
« Une soirée perdue ».
Description
et analyse nervalienne du mal du siècle romantique. Ce
§ confère une dimension
réaliste et politique au scénario individuel de fuite personnelle
hors du réel pour
dénoncer les insuffisances de ce réel et les souffrances qui en
résultent :
pris entre un passé refusé («
ennui
des discordes passées ») et
un avenir indécis (« utopies
brillantes »), dépourvu
de perspectives claires, le temps ne fournit plus de repères
satisfaisants à une jeunesse en plein désarroi, qui résiste aux
anti-valeurs de la bourgeoisie et ne trouve donc pas sa place parce
qu’elle refuse de se rallier à l’ « ambition »,
à « l’avide
curée des honneurs »,
de frayer avec la « foule »
en habitant le monde social ordinaire, de profaner le culte de la
femme idéale.
Fuyant avec la réalité contemporaine, la sphère de l’action et
de la conquête amoureuse régie par le temps des horloges, la
politique matrimoniale et le matérialisme triomphant, le
protagoniste vit sans
montre (ou presque), radicalise l’ordre de la poésie (il
se retranche dans « la
tour d’ivoire des poètes ») et
des spéculations philosophiques
ou religieuses (la référence à Isis donne de la solennité aux
nobles aspirations spirituelles des jeunes gens révoltés par le
matérialisme bourgeois) et tente de se
réfugier dans d’autres passés (le
passé du Valois, des traditions et des archétypes), qui ne seraient
plus poids, rancunes, séquelles, mais conditions de possibilité
d’un destin. Antidote à l’angoisse d’un présent paralysé et
dévalué, la
fête
de l’arc
ouvre la quête d’un passé individuel et d’une identité
collective susceptibles
de fournir des repères à un individu et à une société en
déshérence en ré-ancrant le sujet dans un
temps historique de l’immémorial et de la répétition.
Cette
quête constitutive du romantisme prend une acuité particulière
dans Sylvie, où
la labilité du moi fait de Sylvie, petite paysanne pragmatique et
dont le physique comme le nom, symbole de « vie »
rattachée à trois des quatre éléments par l’inscription de la
nouvelle dans le recueil des Filles
du feu
et
par la symbolique tellurique et aquatique de la sylve, sont a
priori
antithétiques des valeurs représentées par l’ « amour,
hélas, des formes vagues, des teintes roses et bleus, des fantômes
métaphysiques »,
l’incarnation du salut.
Nostalgiquement
La nostalgie est la
douleur ressentie à l'idée d'un retour. Parce qu'il tarde, parce
qu'il est repoussé, encore et encore. Ne semble plus pouvoir se
produire.
Dans les œuvres du
programme, Peter Walsh est nostalgique. Paradoxalement, car il est de
retour. Mais réellement car ce retour à Londres n'est sans doute
pas le retour qu'il aurait souhaité.
La nostalgie est sans
doute très commune. Mais aussi très diverse d'une personne à
l'autre.
Il convient donc d'être
attentif dans ses analyses.
B. Les
déclinaisons du temps vécu comme affect renforçant ou enrichissant
notre personnalité.
Avant de se
lancer dans cette seconde partie de l'enquête, symétrique de la
première et apparemment aussi facile à conduire qu'elle,
penchons-nous sur un paradoxe, celui du temps vécu sous hypnose.
Le cas est
en effet digne d'intérêt. Il est important, même et surtout si
l'hypnose n'est pas cette espèce de magie ou machinerie
psychologique auquel on l'a trop souvent identifiée. Dans un
comportement hypnotique, le sujet croit adhérer à certaines idées
ou même éprouver certaines sensations... alors qu'objectivement il
n'en est rien. Conjointement, il ne se rend pas vraiment compte de ce
qu'il éprouve.
Bergson y
fait référence. Toujours au troisième chapitre de l'Essai sur
les données immédiates de la conscience :
"Quand un sujet exécute à l'heure indiquée la suggestion
reçue dans l'état d'hypnotisme, l'acte qu'il accomplit est amené,
selon lui, par la série antérieure de ses états de conscience.
Pourtant ces états sont en réalité des effets, et non des causes :
il fallait que l'acte s'accomplît ; il fallait aussi que le
sujet se l'expliquât ; et c'est l'acte futur qui a déterminé,
par une espèce d'attraction, la série continue d'états psychiques
d'où il sortira ensuite naturellement."
De l'extérieur, pour celui qui a assisté à la séance d'hypnose,
la vraie cause du mouvement de la personne hypnotisée n'est bien sûr
pas celle que rapporte cette personne. Sous l'effet du
conditionnement un acte s'est imposé. Et, une fois imposé, il a
contraint la part intelligente de la personne, sa raison si l'on
préfère, à inventer des motifs expliquant l'ensemble du
comportement. Il s'agit bien évidemment d'une justification a
posteriori. Ou d'une explication dans un mouvement de pensée
rétrograde !
Pourquoi y
a-t-il là matière à réflexion ?
Parce que, en dehors de l'hypnose, beaucoup de conditionnements
(sermons et séances de catéchisme, leçons de l'institution
éducative - mal comprises sans doute -, messages publicitaires,
flots des robinets à musique et des diffuseurs d'images) peuvent
produire en nous la même réaction psychologique, à peu de choses
près. Sous l'emprise de ces divers conditionnements nous feindrons
d'être ce que nous croirons être ! Nous feindrons d'aimer ce qui ne
nous plaît pas véritablement. Nous ne pourrons sans doute jamais
livrer nos sentiments réels, exprimer nos envies intimes, vivre
notre existence pleinement et authentiquement.
Bergson
reprend ainsi le problème de la décision précédemment évoqué :
« En nous interrogeant scrupuleusement nous-mêmes, nous
verrons qu'il nous arrive de peser des motifs, de délibérer, alors
que notre résolution est déjà prise. Une voix intérieure, à
peine perceptible, murmure : « Pourquoi cette
délibération ? tu en connais l'issue, et tu sais bien ce que
tu vas faire. » Mais n'importe ! il semble que nous
tenions à sauvegarder le principe du mécanisme, et à nous mettre
en règle avec les lois de l'association des idées. L'intervention
brusque de la volonté est comme un coup d'état dont notre
intelligence aurait le pressentiment, et qu'elle légitime à
l'avance par une délibération régulière.»
Ainsi se succèdent, au cours d'une seule journée, beaucoup de
moments où le temps est aveuglément voire hypocritement vécu,
comme sous hypnose !
Il y a en nous du robot...
« Nous dirons maintenant que nos actions journalières
s'inspirent bien moins de nos sentiments eux-mêmes, infiniment
mobiles, que des images invariables auxquelles ces sentiments
adhèrent. Le matin, quand sonne l'heure où j'ai coutume de me
lever, je pourrais recevoir cette impression
xun holè tè psukhè,
selon l'expression de Platon ; je pourrais lui permettre de se
fondre dans la masse confuse des impressions qui m'occupent ;
peut-être alors ne me déterminerait-elle point à agir. Mais le
plus souvent cette impression, au lieu d'ébranler ma conscience
entière comme une pierre qui tombe dans l'eau d'un bassin, se borne
à remuer une idée pour ainsi dire solidifiée à la surface, l'idée
de me lever et de vaquer à mes occupations habituelles. Cette
impression et cette idée ont fini par se lier l'une à l'autre.
Aussi l'acte suit-il l'impression sans que ma personnalité s'y
intéresse : je suis ici un automate conscient, et je le suis
parce que j'ai tout avantage à l'être. On verrait que la plupart de
nos actions journalières s'accomplissent ainsi, et que grâce à la
solidification, dans notre mémoire, de certaines sensations, de
certains sentiments, de certaines idées, les impressions du dehors
provoquent de notre part des mouvements qui, conscients et même
intelligents, ressemblent par bien des côtés à des actes
réflexes. »
Nous avons, avec nos habitudes des comportements qui sans être
instinctifs produisent le même genre d'effets, des séquences
d'actions prédéterminées, comme si nous n'avions pas de
personnalité. Mais si nous ne réagissons pas, si nous nous laissons
porter par l'impression, c'est sans doute vrai : notre
personnalité n'a pas disparu mais elle s'est tue... et n'a plus
guère de réalité dans cet état somnambulique, actif mais pas
éveillé !
Opposons le temps gaiement ou harmonieusement vécu aussi bien au
temps aveuglément ou hypocritement vécu qu'au temps douloureusement
ou anxieusement vécu ! Car il tend à réduire notre personnalité,
notre capacité à être présent à notre présent !
En revanche, le temps gaiement ou harmonieusement vécu est non
impersonnellement mais bien personnellement vécu, singulièrement
vécu, à n'en point douter ! Sous le mode de l'éveil, de
la conscience de soi!
Joyeusement ou
généreusement
Qu'est-ce
que le temps joyeusement vécu ? Y a-t-il un temps vécu dans la joie
absolue ? Y a-t-il des degrés dans les moments joyeux ?
Si le temps
peut être joyeusement vécu, quand l'éprouvons-nous sous cette
tonalité, avec cette couleur ?
Il peut sembler que la
joie est le résultat d'un heureux hasard mais aussi que c'est un
état intégralement déterminé. En effet la condition à remplir
pour être heureux serait de s'engager résolument dans une action.
Plus une personne arriverait à s'engager généreusement dans une
action et plus elle se rapprocherait du bonheur sans mélange. De la
pure joie de vivre.
Ironiquement et
sagement
Terminons cette partie de
l'enquête par une réflexion sur l'action comme facteur de
temporalisation qui, sans contredire ce qui vient d'être dit, prend
en compte l'impermanence de toute chose. L'action heureuse, généreuse
est-elle la source d'un bonheur infini ? Eternel ?
Il est permis d'en douter. Prenons en
considération quelques exemples.
Sextus Empiricus
En
fait, il est arrivé au sceptique ce qu'on raconte du peintre Apelle.
On dit que celui-ci, alors qu'il peignait un cheval et voulait imiter
dans sa peinture l'écume de l'animal, était si loin du but qu'il
renonça et lança sur la peinture l'éponge à laquelle il essuyait
les couleurs de son pinceau; or quand elle l'atteignit, elle
produisit une imitation de l'écume du cheval. Les sceptiques, donc,
espéraient aussi acquérir la tranquillité en tranchant face à
l'irrégularité des choses qui apparaissent et qui sont pensées,
et, étant incapables de faire cela, ils suspendirent leur
assentiment. Mais quand ils eurent suspendu leur assentiment, la
tranquillité s'ensuivit fortuitement, comme l'ombre suit un corps.
Nous ne
pensons pourtant pas que le sceptique est complètement exempt de
perturbation, mais nous disons qu'il est perturbé par ce qui
s'impose à lui ; car nous convenons que parfois il frissonne, a soif
et ressent des choses de ce genre. Mais même dans ces cas-là, les
gens ordinaires se trouvent dans une situation double, du fait des
affects eux-mêmes et, dans une mesure qui n'est pas moindre, du fait
qu'ils estiment que ces situations sont mauvaises par nature. En
rejetant l'opinion rajoutée selon laquelle chacune de ces situations
est mauvaise du fait de la nature, le sceptique s'affranchit avec
plus de mesure même de ces contraintes.
C. La relativité du temps vécu
Que penser du temps culturellement
vécu ?
Au lieu de résumer une longue analyse, voici quelques rappels de cours.
Un courant, postmoderne, souligne le fossé qui existe entre les représentations du monde, postulant qu'il s'agit non d'une simple divergence mais d'une différence de logique.
De nombreux penseurs comme François Jullien, auteur des Transformations silencieuses, soutiennent ce point de vue. Dans le cas de Jullien il s'agit d'établir un fossé entre la pensée européenne et la pensée chinoise du temps.
Quleques escrocs soutiennent la même thèse. Comme ces baratineurs parfois assez habiles qui évoquent un temps navajo et nous vendent avec cet exotisme de pacotille des médicaments homéopathiques, des séjours chez les shamans de la jungle, des occasions de nous ressourcer à une antique culture qui n'a pas encore connue le désenchantement du monde.
Aux escrocs on opposera son bon sens.
Pour contrer les séductions postmodernes de Jullien, on suivra la thèse de Jean-François Billeter, montrant que l'écart entre les représentations est artificiellement creusé par un choix de traduction , par une sélection d'auteurs, par un parti pris de rechercher (donc de trouver) du spectaculaire là où en réalité il n'y a que de l'ordinaire.
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