Un cours en ligne

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Il s'agit de notes de cours, ou plutôt de schémas de cours, qui me servent pour traiter le programme de Lettres-philosophie devant mes classes de CPGE scientifiques, de première et de seconde année. Chaque année un nouveau thème, deux nouvelles oeuvres littéraires et une oeuvre philosophique.
J'en assume l'entière responsabilité, y compris lorsque s'y mêlent des jugements personnels sur des oeuvres et des auteurs, des conseils de lecture peu orthodoxes ou des pointes d'ironie. Le mot d'ordre que je m'efforce de suivre, lié à la lecture de Harry G. Frankfurt, est de ne pas mentir quand il est possible de baratiner, de ne pas baratiner quand ce n'est pas absolument nécessaire.

mercredi 18 septembre 2013

Le temps vécu. Deuxième chapitre

Conscience du temps et temps vécu

Est-ce qu'une montre mesure le temps ou bien des mouvements qui s'effectuent dans le temps ?
Il convient de distinguer le temps de l'horloge, le temps de la mesure du temps, et le temps de "l'usure du bracelet de montre et du vieillissement de celui qui la porte" d'après le documentaire sur la mesure du temps de Kraft888.
Non pas l'usure en soi ou le vieillissement de notre corps, qui sont tous deux des mouvements, mais la conscience de cette usure et la conscience de ce vieillissement. Ou encore la durée que nous vivons ou expérimentons. La temporalité comme façon singulière dont une personne vit le temps.

Ce temps est parfois appelé le temps de l'âme. C'est le moins le temps subjectif - celui dont on dit qu'il a le pouvoir de passer vite ou lentement - que le temps de la subjectivité, celle-ci étant dans son être même, une chose temporelle ou temporalisée.

Le temps, un pouvoir de la conscience

Malgré l'écart de ces deux formulations (l'une, traditionnelle, "temps de l'âme", l'autre moderne, "subjectivité" et "temporalité"), on doit noter une communion dans l'approche de la réalité proprement subjective, spirituelle, du temps. Le temps est reconnu comme étant lié voire issu d'un pouvoir de l'esprit humain, non pas sans doute un pouvoir qu'on peut diriger mais néanmoins une sorte de puissance qui nous élève au-dessus de la condition animale... tout en nous faisant sentir notre finitude, car nous ne pouvons pas ne pas nous représenter une chose en dehors du temps !
D'où une sorte de tension.
Cette tension est d'abord psychologique, et s'observe au plan des sentiments, de l'estime de soi. Car la conscience du temps serait une sorte de privilège de l'être humain comme espèce. Conscience qui nous grandit à nos yeux, qui nous élève très haut... tandis que l'animal, certaines espèces particulièrement, ont d'habitude une maîtrise de l'espace assez remarquable, ce qui est étonnant mais ne nous permet pas dire qu'elles ont des droits ou qu'il faut les respecter. Pensons aux animaux migrateurs, comme les cigognes, les papillons monarques, les baleines. Leurs migrations sur des milliers de kilomètres rendent manifeste leur maîtrise de l'espace. Mais cette maîtrise est vitale, instinctive. Il est fréquent aussi d'observer dans la nature à l'occasion de comportements instinctifs, dépourvus d'intelligence réfléchie, que l'animal qui maîtrise si bien l'espace n'a guère de mémoire personnelle ni de perception du temps qui s'écoule !
Tout en étant une source de fierté, la perception du temps est aussi une source d'angoisse ou de malaise. Conscience qui nous fait sentir notre impuissance car il est fondamentalement impossible d'agir sur le temps, de le retenir, de le ralentir, de s'y soustraire momentanément, de le remonter ou de l'inverser ! On ne voyage  pas dans le temps comme on voyage dans l'espace en pouvant choisir en permanence la direction à prendre.

L'opposition du temps et de l'espace s'interprète alors comme l'opposition de champs perceptuels. L'espace est davantage lié au sens de la vue. On voit l'espace autour de soi. Et le temps au sens de l'ouïe, on entend les sons résonner et durer à l'intérieur de soi.
L'espace est conscience de choses extérieures et le temps conscience de choses intérieures.

Deux références majeures peuvent nous servir pour évoquer ce temps de la conscience sans le réduire à quelques vagues analogies mais bien le comprendre comme défi posé à l'intelligence humaine : saint Augustin et Merleau-Ponty (ce dernier reprenant et prolongeant la réflexion de Husserl).

a) Le temps comme distension de l'âme

Pour cette année, il est impératif de bien connaître et bien comprendre la réflexion d'Augustin sur le temps. Elle est en un sens décisive. Les textes les plus intéressants concernant le temps de l'âme se trouvent dans les Confessions, livres X et XI. L'exploration de la thématique propre du temps suit celle de la mémoire, des "palais de la mémoire" avec la découverte de l'homme intérieur et de son guide divin. Et l'ensemble prend sens dans le cadre d'une discussion sur la signification du livre de la Genèse, de ce que nous pouvons savoir quant à notre origine et notre fin.

    §14 Qu’est-ce donc que le temps ? Si personne ne m’interroge, je le sais ; si je veux répondre à cette demande, je l’ignore. Et pourtant j’affirme hardiment, que si rien ne passait, il n’y aurait point de temps passé ; que si rien n’advenait, il n’y aurait point de temps à venir, et que si rien n’était, il n’y aurait point de temps présent. Or, ces deux temps, le passé et l’avenir, comment sont-ils, puisque le passé n’est plus, et que l’avenir n’est pas encore ? Pour le présent, s’il était toujours présent sans voler au passé, il ne serait plus temps ; il serait l’éternité. Si donc le présent, pour être temps, doit s’en aller en passé, comment pouvons-nous dire qu’une chose soit, qui ne peut être qu’à la condition de n’être plus ? Et peut-on dire, en vérité, que le temps soit, sinon parce qu’il tend à n’être pas ?
(...) Or, ce qui devient évident et clair, c’est que le futur et le passé ne sont point ; et, rigoureusement, on ne saurait admettre ces trois temps : passé, présent et futur ; mais peut-être dira-t-on avec vérité : il y a trois temps, le présent du passé, le présent du présent et le présent de l’avenir. Car ce triple mode de présence existe dans l’esprit. Je ne le vois pas ailleurs. Le présent du passé, c’est la mémoire ; le présent du présent, c’est l’attention actuelle ; le présent de l’avenir, c’est son attente. Si l’on m’accorde de l’entendre ainsi, je vois et je confesse trois temps.
     §35 (...) Ce vers : « DEUS CREATOR OMNIUM » est de huit syllabes, alternativement brèves et longues ; quatre brèves, la première, la troisième, la cinquième et la septième, simples par rapport aux seconde, quatrième, sixième et huitième, qui durent le double de temps. Je le sens bien en les prononçant et il en est ainsi, au rapport de l’évidence sensible. Autant que j’en puis croire ce témoignage, je mesure une longue par une brève, et je la sens double de celle-ci. Mais elles ne résonnent que l’une après l’autre, et si la brève précède la longue, comment retenir la brève pour l’appliquer comme mesure à la longue, puisque la longue ne commence que lorsque la brève a fini ? Et cette longue même, je ne la mesure pas tant qu’elle est présente ; puisque je ne saurais la mesurer avant sa fin : cette fin, c’est sa fuite. Qu’est-ce donc que je mesure ? Où est la brève, qui mesure ? Où est la longue, à mesurer ? Leur son rendu, envolées, passées toutes deux, et elles ne sont plus ! et pourtant je les mesure, et je réponds hardiment, sur la foi de mes sens, que l’une est simple, l’autre double en durée ; ce que je ne puis assurer, qu’elles ne soient passées et finies. Ce n’est donc pas elles que je mesure, puisqu’elles ne sont plus, mais quelque chose qui demeure dans ma mémoire, profondément imprimé. §36. C’est en toi, mon esprit, que je mesure le temps. Ne laisse pas bourdonner à ton oreille : comment ? comment ? Et ne laisse pas bourdonner autour de toi l’essaim de tes impressions. Oui, c’est en toi que je mesure l’impression qu’y laissent les réalités qui passent, impression survivante à leur passage. Elle seule demeure présente ; je la mesure, et non les objets qui l’ont fait naître par leur passage. C’est elle que je mesure quand je mesure le temps : donc, le temps n’est autre chose que cette impression, ou il échappe à ma mesure.
(...) Je veux réciter un cantique ; je l’ai retenu. Avant de commencer, c’est une attente intérieure qui s’étend à l’ensemble. Ai-je commencé ? tout ce qui accroît successivement au pécule du passé entre au domaine de ma mémoire : alors, toute la vie de ma pensée n’est que mémoire : par rapport à ce que j’ai dit ; qu’attente, par rapport à ce qui me reste à dire. Et pourtant mon attention reste présente, elle qui précipite ce qui n’est pas encore à n’être déjà plus. Et, à mesure que je continue ce récit, l’attente s’abrège, le souvenir s’étend jusqu’au moment où l’attente étant toute consommée, mon attention sera tout entière passée dans ma mémoire. Et il en est ainsi, non seulement du cantique lui-même, mais de chacune de ses parties, de chacune de ses syllabes : ainsi d’un hymne plus long, dont ce cantique n’est peut-être qu’un verset ; ainsi de la vie entière de l’homme, dont les actions de l’homme sont autant de parties ; ainsi de cette mer des générations humaines, dont chaque vie est un flot.

      Travail sur le texte d'Augustin.
     § 14 : Une définition non de chose mais de nom : le temps est un "je ne sais quoi" renvoyant à ce qui advient, est advenu, adviendra.
Avec une sorte de premier déplacement du temps comme être absolument universel au temps comme réalité renvoyant aux catégories grammaticales de telle langue donnée, notre présent, notre passé, notre futur (ou leurs différentes variétés).
Et un paradoxe, le temps est l'être qui tend à ne pas être, qui n'est plus, qui n'est pas encore, qui est mais en cessant immédiatement d'être...
Augustin opère un second déplacement. Constatant que le passé est présent du passé et le futur présent du futur, car autrement ils ne seraient rien, et même que le présent est lui-même présent du présent - ce qui est le plus difficile à saisir finalement ! - il amène les trois notions de mémoire, attention, attente. La mémoire actualise le passé, l'attente actualise le futur et l'attention actualise le présent. Sinon le temps n'est rien.
Le temps est donc, définition de chose non de mot, une distension de l'âme opérant par la mémoire, l'attente ou même l'attention une actualisation du présent.
      §§ 35, 36 :
Que pouvons-nous tirer comme leçon des exemples produits par Augustin, la scansion du vers et le chant de l'hymne ?


b) Le temps suivant le paradigme de l'intégration

La belle analyse d'Augustin a bien des mérites. Mais, paradoxalement, elle part de la constatation de notre condition d'être incarné puis fait abstraction du corps pour relier le passage du temps à l'âme et à elle seule. Quand les oreilles écoutent un vers ou un cantique, le mouvement des impressions en nous n'est pas la seule chose dont il faille tenir compte. Ce n'est pas que notre âme, c'est tout notre corps qui vit ce temps qui passe. C'est notre personnalité entière qui s'incarne dans un geste qui dure, qui me prend du temps, qui occupe mon temps !
Pour cette raison il est possible de critiquer sévèrement Augustin. C'est ce que n'a pas manqué de faire François Billeter, dans un texte remarquable lui aussi. Extrait du petit ouvrage de "confession" intitulé Un Paradigme (éd. Allia, 2012) pp. 92-97.

Pour bien comprendre le texte il est nécessaire de prendre en compte sa nature, qui est d'être une sorte de discours de la méthode, modeste et audacieuse. Discours à l'occasion duquel les catégories à laquelle nous avons été habitués sont remises en cause, parfois niées, toujours re-définies. Billeter commence par réfléchir un fait anecdotique, le fait que le lieu où il réfléchit le mieux, depuis des années, n'est pas un poële mais un café ! C'est l'occasion pour lui d'évoquer la contrainte que représente le travail de réflexion mais aussi l'espace de liberté auquel l'ouvrent ses méditations. Je redécouvre le monde et je me redécouvre moi-même quand je me livre en toute indépendance à une telle réflexion philosophique.
Sa réflexion porte d'abord sur l'activité. Que se passe-t-il quand je fais quelque chose ? Que m'arrive-t-il ? Pour répondre il est nécessaire de redéfinir le corps, la conscience, le geste, la liberté.
"J'appelle corps toute l'activité consciente qui porte mon activité consciente et d'où surgit le mot manquant ou l'idée nouvelle. Lorsque j'agirai, j'appellerai corps l'ensemble des énergies qui nourriront et porteront mon action." (p. 12)
"il y a deux parts dans l'activité dont nous sommes faits : une grande qui reste plongée dans la nuit ou dans l'ombre et une autre, plus réduite, qui se perçoit elle-même par une sorte de luminosité propre. Ce que nous appelons conscience est cette part de notre activité qui se perçoit elle-même." (p. 13)
L'analyse du geste, un phénomène étrange car sui generis ! Que se passe-t-il quand je me verse un verre d'eau ? (pp. 14-17)
"À l'instant où mes mouvements s'unissent pour donner la naissance au geste, un basculement se produit. Le corps prend le relais. Ses ressources se conjuguent pour porter le geste. Un beau jour en servant du vin, j'ai senti que tout concourrait soudain à la réussite de mon geste : l'aplomb, l'équilibre, la respiration, la coordination du regard et du mouvement du bras, une juste pesée de la masse du liquide et de son déplacement dans la carafe, etc. Tout cela se faisait subitement avec un parfait ensemble et venait d'en bas. Le corps a ce pouvoir de rendre naturel ce qui a d'abord été artificiel." (p. 17)
Ce geste accompli au sens d'achevé – de parfait en son genre – fournit à Billeter le paradigme de l'intégration. Quand le basculement a eu lieu, pas seulement dans sa tête (confiance en soi) mais aussi et surtout dans son corps, le geste a cessé d'être une série de mouvements artificiels pour devenir un ensemble de mouvements intégrés, aussi naturel qu'une réponse instinctive !
L'intégration désigne donc une variation de régime dans l'existence, quand je passe d'un état de maladresse à un état de grâce ou de fluidité dans le mouvement, d'économie dans la dépense d'énergie, en confiant au bas – le corps tout entier – ce que je devais en raison de sa complexité auparavant diriger par le haut – la seule tête.
Illustration avec le geste de l'artiste, par exemple du violoniste. Du geste au style ! Billeter prétend ainsi être arrivé à dégager des lois de l'activité : première loi, de l'intégration, notre activité est susceptible d'intégration ; seconde loi, des niveaux d'existence, notre activité connaît des transformations qualitatives à mesure qu'elle prend des formes de plus en plus intégrées.

Ces remarques préliminaires nous permettront de mieux appréhender l'originalité de la position de Billeter quant à la conscience du temps. Celle-ci se trouve, après de beaux développements sur le langage, sur les vertus de l'écriture et la noblesse de la conversation, sur l'objectivation et l'imagination, sur l'idée de monde, etc. Et une sorte d'explication des vertus du vide fait en soi pour laisser parler ou agir le corps, lui confier l'éclosion d'une intuition ou l'invention d'une forme. Puis une réflexion plus abstraite sur les régimes de l'activité (pp. 56-57) et la discontinuité de l'existence, qui fait que se produisent des évènements – nous-mêmes ou notre corps comme centre d'actions spontanées pouvant en être des "héros" (exemple du sauvetage de la petite fille, pp. 61-62). Puis une sorte de rapide récit de soi contenant un passage très éclairant sur le rôle des émotions dans notre vie, appuyé à une véritable confession (l'épisode de la dépression, pp. 69-73). Et enfin arrive la réflexion sur le temps, cinquième partie d'Un paradigme (pp. 92-97), chapitre 21.
"(...) on observe une relation entre l'intégration et ce que nous appelons le "présent", ou plus exactement entre le degré d'intégration de notre activité et la qualité de ce que nous éprouvons, à un moment donné, comme la réalité présente." (p. 92)

Analyse de l'exemple de l'incendie à l'hôtel (pp. 93-94), il y a dix ans.

Le vécu, dans l'action, les émotions puis la mise en ordre des faits recomposant mentalement la succession des évènements. Et retour à la vie plus normale.
La discontinuité des états de conscience est patente. Il y a d'abord eu l'évènement tragique et son régime d'activité. Puis, une fois la sécurité retrouvée, le flux des émotions s'est prolongé avec son régime propre, le retour à la normale appelant une domestication de l'élément sauvage, une mise en récit intégrant les impressions encore vives en un ordre déterminé de succession.
"À chacun de ces régimes a correspondu un temps particulier : d'abord celui de l'action, court et serré, dont il ne me resterait à peu près rien sans le récit qui s'est formé ensuite ; celui des impressions fortes, subsistant comme hors du temps, chacune pour elle-même ; le temps du processus d'intégration, qui s'est développé suivant su durée propre ; ensuite la durée du récit, que je me suis raconté plusieurs fois à moi-même pour être sûr d le garder en mémoire ; enfin le temps de la vie commune retrouvée, ouvert et mouvant." (p. 95)
Les présents aussi sont différents et se perpétuent différemment. Il y a le présent recomposé par le récit, cognitif, doté de sens par un travail de mise en récit et le présent brutal, purement émotionnel, correspondant à des scènes vives, éternisées. Il y a le flux du cours du temps de l'activité pratique ordinaire (on se concentre sur quelques buts et se disperse dans quelques autres directions, successivement).
"Une fois mon récit formé, j'ai rejoint le cours des événements, j'ai retrouvé la compagnie des gens qui étaient là. Dans ce régime pratique, l'intégration se fait différemment. Elle consiste à intégrer dans le "monde objectif" au sein duquel j'évolue les changements que je remarque, les phénomènes nouveaux qui se produisent. C'est ce que nous faisons tous les jours de façon plus ou moins rapide et plus ou moins complète. De cette adaptation incessante au changement naît notre sentiment habituel de l'écoulement du temps." (p. 96)

Le présent de la dépression est singulier. Et douloureux.
"Lorsque mon activité se mue en souffrance parce qu'en elle des forces s'opposent et se paralysent et que je réduis mon activité pour diminuer la souffrance, je m'enferme contre mon gré dans une sorte de temps immobile qui est une torture. L'adaptation ne se fait plus. Les changements qui se produisent au dehors me terrifient car je n'ai plus la capacité de les absorber. Quand plus tard les forces qui me paralysaient se relâchent, que le mouvement renaît et que l'intégration reprend, bref : quand la vie recommence en moi, le temps reprends son cours et ouvre à nouveau sur l'avenir et l'inconnu." (p. 97)

Conclusion générale : théorème de Billeter, il n'y a de temps qu'au sein de notre activité !

"Les analyses de saint Augustin étaient insuffisantes parce qu'on ne peut pas se faire une idée adéquate de ce qu'est le temps sans prendre en considération notre activité, ses différents régimes et leurs discontinuités. Quand on en tient compte, en revanche, on découvre que tout est mouvement et changement dans la réalité, certes, mais qu'il n'y a de temps qu'au sein de notre activité. On s'aperçoit que le présent, dont la qualité varie tant selon les moments est un produit de notre activité et de son degré d'intégration. On comprend que l'avenir est une synthèse présente incluant des suppositions sur c equi peut arriver, le passé une synthèse présente fondée sur des éléments de l'expérience. L'activité elle-même ets toujours présente, le présent est toujours activité. " (p. 97)

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