Questionnaire
de rentrée (4 heures)
Le
temps vécu
La
notation de ce devoir tiendra compte de la présentation, de la
correction de l'orthographe et de la rigueur du propos en général.
I.
Lecture et étude
des trois œuvres au programme (3 heures)
Voici
trois extraits. Lisez-les attentivement puis produisez un commentaire
pour chacun.
A.
Sylvie,
X. Le Grand Frisé
J’ai repris le chemin de Loisy ; tout le monde était réveillé. Sylvie avait une toilette de demoiselle, presque dans le goût de la ville. Elle me fit monter à sa chambre avec toute l’ingénuité d’autrefois. Son oeil étincelait toujours dans un sourire plein de charme, mais l’arc prononcé de ses sourcils lui donnait par instants un air sérieux. La chambre était décorée avec simplicité, pourtant les meubles étaient modernes, une glace à bordure dorée avait remplacé l’antique trumeau, où se voyait un berger d’idylle offrant un nid à une bergère bleue et rose. Le lit à colonnes chastement drapé de vieille perse à ramage était remplacé par une couchette de noyer garnie du rideau à flèche ; à la fenêtre, dans la cage où jadis étaient les fauvettes, il y avait des canaris. J’étais pressé de sortir de cette chambre où je ne trouvais rien du passé. « Vous ne travaillerez point à votre dentelle aujourd’hui ?… dis-je à Sylvie. — Oh ! je ne fais plus de dentelle, on n’en demande plus dans le pays ; même à Chantilly, la fabrique est fermée. — Que faites-vous donc ? » Elle alla chercher dans un coin de la chambre un instrument en fer qui ressemblait à une longue pince. « Qu’est-ce que c’est que cela ? — C’est ce qu’on appelle la mécanique ; c’est pour maintenir la peau des gants afin de les coudre. — Ah ! vous êtes gantière, Sylvie ? — Oui, nous travaillons ici pour Dammartin, cela donne beaucoup dans ce moment ; mais je ne fais rien aujourd’hui ; allons où vous voudrez. » Je tournais les yeux vers la route d’Othys : elle secoua la tête ; je compris que la vieille tante n’existait plus. Sylvie appela un petit garçon et lui fit seller un âne. « Je suis encore fatiguée d’hier, dit-elle, mais la promenade me fera du bien ; allons à Châalis. »
B.
Mrs Dalloway
(...) Elle
regardait ainsi à travers la vitre la vieille dame d'en face montant
à l'étage. Laissons la monter les escaliers si elle le voulait ;
laissons la s'arrêter ; laissons la ensuite gagner sa chambre, comme
Clarissa l'avait souvent vu faire, entrouvrir ses rideaux puis à
nouveau se poster à l'arrière, dans l'ombre. Quoiqu'on pense de
cela - cette vieille femme regardant par la fenêtre, inconsciente
d'être vue elle-même ... Il y avait quelque chose de solennel dans
cela ; mais l'Amour et la Religion détruiraient cela, quoique ce
soit, la privauté de l'âme. L'odieuse Kilman détruirait cela.
Cette vision lui donnait envie de pleurer.
L'amour
détruisait aussi. Tout ce qui était bon, tout ce qui était vrai
passait. Prenez Peter Walsh. Il fut un homme charmant, intelligent,
avec des idées sur tout. Si vous vouliez en apprendre sur le pape
disons, ou sur Addison, ou juste discuter de l'absurde, avec qui que
ce soit, à propos de quoi que ce soit, Peter en savait plus que
n'importe qui. C'était Peter qui l'avait aidée, Peter qui lui avait
prêté des livres. Mais regardez les femmes qu'il a aimées -
vulgaires, triviales, ordinaires. Pensez au Peter amoureux - il vint
la voir après toutes ces années, et de quoi lui parla-t-il ? De
lui. Horrible passion ! Dégradante passion ! pensa-t-elle, songeant
à Kilman et son Elizabeth se rendant aux Army et Navy Stores.
Big Ben
sonna la demi-heure.
Comme cela
était extraordinaire, étrange oui, touchant, de voir la vieille
dame (elles avaient été voisines pendant tant d'années) s'éloigner
de sa fenêtre, comme si elle était reliée à ce son, à cette
corde. Aussi incroyable que cela fût, cela avait quelque chose à
voir avec elle. Au milieu des choses ordinaires, le doigt baissait,
tombait, rendant le moment solennel. Elle était obligée par ce son,
s'imaginait Clarissa, de bouger, d'aller quelque part - mais où ?
Clarissa essaya de la suivre alors qu'elle tourna et disparut, et
elle parvint juste à voir son bonnet blanc se déplacer dans le fond
de la pièce. Pourquoi des credos, des prêtres et des mackintoshs ?
alors que, pensait Clarissa, voilà le mystère, voilà le miracle ;
cette femme oui, qu'elle pouvait voir aller de la commode à la table
de toilette. Elle pouvait encore la voir. Et le mystère suprême
dont Kilman prétendrait avoir la solution, ou dont Peter prétendrait
avoir la solution, mais dont Clarissa était sûre qu'aucun d'entre
eux n'avait encore l'ombre d'une solution, ce mystère suprême
n'était que cela : il y avait ici une chambre, là une autre. Est-ce
que la religion répondait à cela, ou l'amour ?
C.
Essai sur les données
immédiates de la conscience
Bref,
lorsque le déplacement de mon doigt le long d’une surface ou d’une
ligne me procurera une série de sensations de qualités diverses, il
arrivera de deux choses l’une : ou je me figurerai ces
sensations dans la durée seulement, mais elles se succéderont alors
de telle manière que je ne puisse, à un moment donné, me
représenter plusieurs d’entre elles comme simultanées et pourtant
distinctes ; — ou bien je discernerai un ordre de succession,
mais c’est qu’alors j’ai la faculté, non seulement de
percevoir une succession de termes, mais encore de les aligner
ensemble après les avoir distingués ; en un mot, j’ai déjà
l’idée d’espace. L’idée d’une série réversible dans la
durée, ou même simplement d’un certain ordre de succession dans
le temps, implique donc elle-même la représentation de l’espace,
et ne saurait être employée à le définir.
II.
Réflexion sur une expression courante (1 heure)
L'homme
est-il prisonnier du temps ?
Dégagez
la problématique de ce sujet de dissertation. Vous pouvez apporter
tous les éléments de réflexion que vous souhaitez ; ce n'est
pas une introduction rédigée qui est demandée, seulement une
réflexion qui indique la façon dont il faut, à votre avis, aborder
et traiter le sujet.
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