Un cours en ligne

Le contenu de ce blog est périssable.
Il s'agit de notes de cours, ou plutôt de schémas de cours, qui me servent pour traiter le programme de Lettres-philosophie devant mes classes de CPGE scientifiques, de première et de seconde année. Chaque année un nouveau thème, deux nouvelles oeuvres littéraires et une oeuvre philosophique.
J'en assume l'entière responsabilité, y compris lorsque s'y mêlent des jugements personnels sur des oeuvres et des auteurs, des conseils de lecture peu orthodoxes ou des pointes d'ironie. Le mot d'ordre que je m'efforce de suivre, lié à la lecture de Harry G. Frankfurt, est de ne pas mentir quand il est possible de baratiner, de ne pas baratiner quand ce n'est pas absolument nécessaire.

jeudi 12 juin 2014

Résumé d'un texte de Sénèque

L’usage de tout système électronique ou informatique est interdit dans cette épreuve.

Présenter sur la copie en premier lieu le résumé de texte et en second lieu les réponses aux questions.
Il est tenu compte, dans la notation, de la présentation, de la correction de la forme (syntaxe, orthographe), de la netteté de l’expression et de la clarté de la composition.
Résumé et réponses aux questions ont la même notation et forment un ensemble indissociable.

Partie I - Résumé de texte
Résumez en 200 mots le texte suivant. Un écart de 10 % en plus ou en moins sera toléré. Vous indiquerez avec précision, en marge de chaque ligne, le nombre de mots qu’elle comporte et, à la fin du résumé, le total.
Ceux-là seuls jouissent du repos, qui se consacrent à l'étude de la sagesse. Seuls ils vivent ; car non seulement ils mettent à profit leur existence, mais ils y ajoutent celle de toutes les générations. Toutes les années qui ont précédé leur naissance leur sont acquises. À moins d'être tout à fait ingrats, nous ne pouvons nier que les illustres fondateurs de ces opinions sublimes ne soient nés pour nous, et ne nous aient préparé la vie. Ces admirables connaissances qu'ils ont tirées des ténèbres et mises au grand jour, c'est grâce à leurs travaux que nous y sommes initiés. Aucun siècle ne nous est interdit : tous nous sont ouverts ; et si la grandeur de notre esprit nous porte à sortir des entraves de la faiblesse humaine, grand est l'espace de temps que nous pouvons parcourir.
Je puis discuter avec Socrate, douter avec Carnéade, jouir du repos avec Épicure ; avec les stoïciens, vaincre la nature humaine ; avec les cyniques, dépasser sa portée ; enfin, marcher d'un pas égal avec la nature elle-même, être contemporain de tous les siècles. Pourquoi, de cet intervalle de temps si court, si incertain, ne m'élancerais-je pas vers ces espaces immenses, éternels, qui me mettraient en communauté avec les meilleurs des hommes ?
Les insensés, qui sans cesse en démarche pour rendre de vains devoirs, tourmentants pour eux et pour les autres, se seront livrés tout à leur aise à leur manie, auront été frapper chaque jour à toutes les portes, n'auront passé outre devant aucune de celles qu'ils auront trouvées ouvertes, et auront colporté dans toutes les maisons leurs hommages intéressés, combien de personnes auront-ils pu voir dans cette ville immense et agitée de tant de passions diverses ?
Combien de grands dont le sommeil, les débauches ou la dureté les auront éconduits ? Combien, après les ennuis d'une longue attente, leur échapperont en feignant une affaire pressante ? Combien d'autres, évitant de paraître dans le vestibule rempli de clients, s'échapperont par quelque issue secrète, comme s'il n'était pas plus dur de tromper que de refuser sa porte ! Combien à moitié endormis et la tête encore lourde des excès de la veille, entrouvriront à peine les lèvres pour balbutier, avec un bâillement dédaigneux, le nom mille fois annoncé de ces infortunés, qui ont hâté leur réveil pour attendre celui des autres !
Ceux-là, nous pouvons le dire, s'attachent à leurs véritables devoirs, qui tous les jours ont avec les Zénon, les Pythagore, les Démocrite, les Aristote, les Théophraste, et les autres précepteurs de la morale et de la science, des relations intimes et familières. Aucun de ces sages qui n'ait le loisir de les recevoir ; aucun qui ne renvoie ceux qui sont venus à lui, plus heureux et plus affectionnés à sa personne ; aucun qui souffre que vous sortiez d'auprès de lui les mains vides. Nuit et jour leur accès est ouvert à tous les mortels.
Nul d'entre eux ne vous forcera de mourir, tous vous apprendront à quitter la vie ; aucun ne vous fera perdre vos années, chacun y ajoutera les siennes ; nul ne vous compromettra par ses discours ; nul n'exposera vos jours par son amitié, et ne vous fera chèrement acheter sa faveur. Vous retirerez d'eux tout ce que vous voudrez ; et il ne tiendra pas à eux que, plus vous aurez puisé à cette source abondante, plus vous y puisiez de nouveau.
Quelle félicité, quelle belle vieillesse sont réservées à celui qui s'est mis sous leur patronage ! il aura des amis avec lesquels il pourra délibérer sur les plus grandes comme sur les plus petites affaires, recevoir tous les jours des conseils, entendre la vérité sans injure, la louange sans flatterie, et les prendre pour modèles.
On dit souvent qu'il n'a pas été en notre pouvoir de choisir nos parents ; que le sort nous les a donnés. Il est pourtant une naissance qui dépend de nous. Il existe plusieurs familles d'illustres génies ; choisissez celle où vous désirez être admis, vous y serez adopté, non seulement pour en prendre le nom, mais les biens, et vous ne serez point tenu de les conserver en homme avare et sordide ; ils s'augmenteront au fur et à mesure que vous en ferez part à plus de monde.
Ces grands hommes vous ouvriront le chemin de l'éternité, et vous élèveront à une hauteur d'où personne ne pourra vous faire tomber. Tel est le seul moyen d'étendre une vie mortelle, et même de la changer en immortalité. Les honneurs, les monuments, tout ce que l'ambition obtient par des décrets, tous les trophées qu'elle peut élever, s'écroulent promptement : le temps ruine tout, et renverse en un moment ce qu'il a consacré. Mais la sagesse est au-dessus de ses atteintes. Aucun siècle ne pourra ni la détruire, ni l'altérer. L'âge suivant et ceux qui lui succéderont, ne feront qu'ajouter à la vénération qu'elle inspire ; car l'envie s'attache à ce qui est proche, et plus volontiers l'on admire ce qui est éloigné.
La vie du sage est donc très étendue ; elle n'est pas renfermée dans les bornes assignées au reste des mortels. Seul il est affranchi des lois du genre humain : tous les siècles lui sont soumis comme à Dieu : le temps passé, il en reste maître par le souvenir ; le présent, il en use ; l'avenir, il en jouit d'avance. Il se compose une longue vie par la réunion de tous les temps en un seul.
Mais combien est courte et agitée la vie de ceux qui oublient le passé, négligent le présent, craignent pour l'avenir ! Arrivés au dernier moment, les malheureux comprennent trop tard qu'ils ont été si longtemps occupés à ne rien faire.
Et, de ce qu'ils invoquent quelquefois la mort, n'allez pas en conclure que leur vie soit longue : leur folie les agite de passions désordonnées qui les précipitent même vers ce qu'ils craignent ; aussi ne désirent-ils souvent la mort que parce qu'ils la redoutent.
Ne regardez pas non plus comme une preuve qu'ils vivent longtemps, si le jour, souvent, leur paraît long, et qu'en attendant le moment fixé pour leur souper, ils se plaignent que les heures s'écoulent avec lenteur ; car si quelquefois leurs occupations les quittent, ils sont tout accablés du loisir qu'elles leur laissent ; ils ne savent ni comment en faire usage, ni comment s'en débarrasser : aussi cherchent-ils une occupation quelconque : et tout le temps intermédiaire devient un fardeau pour eux. Cela certes est si vrai, que, si un jour a été indiqué pour un combat de gladiateurs, ou si l'époque de tout autre spectacle ou divertissement est attendue, ils voudraient franchir tous les jours d'intervalle.
Tout retardement à l'objet qu'ils désirent leur semble long. Mais le moment après lequel ils soupirent est court et fugitif, et devient encore plus rapide par leur faute ; car d'un objet ils passent à un autre, et aucune passion ne peut seule les captiver. Pour eux les jours ne sont pas longs mais insupportables. Combien, au contraire, leur paraissent courtes les nuits qu'ils passent dans les bras des prostituées et dans les orgies !
Aussi les poètes, dont le délire entretient par des fictions les égarements des hommes, ont-ils feint que Jupiter, enivré des délices d'une nuit adultère, en doubla la durée. N'est-ce pas exciter nos vices que de les attribuer aux dieux, et de donner pour excuse à la licence de nos passions les excès de la Divinité ? Pourraient-elles ne leur point paraître courtes, ces nuits qu'ils achètent si cher ? Ils perdent le jour dans l'attente de la nuit, et la nuit dans la crainte du jour.
Leurs plaisirs mêmes sont agités ; ils sont en proie à mille terreurs ; et au sein de leurs jouissances cette pensée importune se présente à leur esprit : "Combien ce bonheur doit-il durer ?" triste réflexion qui a souvent fait gémir sur leur puissance les rois, moins satisfaits de leur grandeur présente qu'effrayés de l'idée de son terme.
Mais que dis-je ? leurs joies mêmes sont inquiètes ; car elles ne reposent pas sur des fondements solides : la même vanité qui les fait naître, les trouble. Que doivent être, pensez-vous, les moments de leur vie, qui, de leur aveu même, sont malheureux, si ceux dont ils s'enorgueillissent et qui semblent les élever au-dessus de l'humanité, sont loin de leur offrir un bonheur sans mélange ?
Sénèque De la brièveté de la vie
Partie II. Questions

Vous répondrez à chacune des questions en un paragraphe d'une dizaine de lignes maximum.

1. Justifiez le jugement de Sénèque, « Ces grands hommes vous ouvriront le chemin de l'éternité ».
2. Que veut dire l'auteur lorsqu'il affirme «  leurs joies mêmes sont inquiètes ; car elles ne reposent pas sur des fondements solides : la même vanité qui les fait naître, les trouble ».

Proposition de résumé

Studieuse, apaisée, la vie bonne recueille le legs des générations antérieures dont les sages demeurent pour moi toujours disponibles pour un dialogue.
Au contraire l'agitation fiévreuse des foules est gage d'isolement. Puissants et valets s'obligent, se jalousent, se méprisent perpétuellement ; ils dilapident leurs heures en vains cérémoniels. / Ils ne cultivent aucune amitié spirituelle, seule capable de nous apprendre à mourir et à vieillir en jouissant d'une belle existence, autonome et généreuse.
Le bonheur suppose la fréquentation des philosophes offrant gratuitement leurs lumières et nous incitant bientôt à reprendre le flambeau !
Humbles, conscients de la vanité des // gloires terrestres, vous résisterez au temps. Divine est en effet la vie qui garde en mémoire les biens passés, résiste aux désirs fuyants, s'accomplit dans le présent.
Mais la vie devient misérable pour les insensés que la mort angoisse et fascine. Et le temps s'accélère à mesure qu'il se /// perd. Les divertissements communs comme les plus vifs ou rares ne satisfont guère les oisifs qui s'ennuient parfois jusqu'au désespoir, ni les jouisseurs qui souffrent d'impatience compulsive, redoutent la fin précoce et inéluctable de leurs plaisirs éphémères.
Qui arrivera donc à dire combien l'inquiétude / ruine le bonheur et décuple les maux ?


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