L’usage de tout système
électronique ou informatique est interdit dans cette épreuve.
• Présenter sur la
copie en premier lieu le résumé de texte et en second lieu les
réponses aux questions.
• Il est tenu compte,
dans la notation, de la présentation, de la correction de la forme
(syntaxe, orthographe), de la netteté de l’expression et de la
clarté de la composition.
• Résumé et réponses
aux questions ont la même notation et forment un ensemble
indissociable.
Partie
I - Résumé de texte
Résumez
en 200 mots le texte suivant. Un écart de 10 % en plus ou en moins
sera toléré. Vous indiquerez avec précision, en marge de chaque
ligne, le nombre de mots qu’elle comporte et, à la fin du résumé,
le total.
Ceux-là
seuls jouissent du repos, qui se consacrent à l'étude de la
sagesse. Seuls ils vivent ; car non seulement ils mettent à
profit leur existence, mais ils y ajoutent celle de toutes les
générations. Toutes les années qui ont précédé leur naissance
leur sont acquises. À moins d'être tout à fait ingrats, nous ne
pouvons nier que les illustres fondateurs de ces opinions sublimes ne
soient nés pour nous, et ne nous aient préparé la vie. Ces
admirables connaissances qu'ils ont tirées des ténèbres et mises
au grand jour, c'est grâce à leurs travaux que nous y sommes
initiés. Aucun siècle ne nous est interdit : tous nous sont
ouverts ; et si la grandeur de notre esprit nous porte à sortir
des entraves de la faiblesse humaine, grand est l'espace de temps que
nous pouvons parcourir.
Je
puis discuter avec Socrate, douter avec Carnéade, jouir du repos
avec Épicure ; avec les stoïciens, vaincre la nature humaine ;
avec les cyniques, dépasser sa portée ; enfin, marcher d'un
pas égal avec la nature elle-même, être contemporain de tous les
siècles. Pourquoi, de cet intervalle de temps si court, si
incertain, ne m'élancerais-je pas vers ces espaces immenses,
éternels, qui me mettraient en communauté avec les meilleurs des
hommes ?
Les
insensés, qui sans cesse en démarche pour rendre de vains devoirs,
tourmentants pour eux et pour les autres, se seront livrés tout à
leur aise à leur manie, auront été frapper chaque jour à toutes
les portes, n'auront passé outre devant aucune de celles qu'ils
auront trouvées ouvertes, et auront colporté dans toutes les
maisons leurs hommages intéressés, combien de personnes auront-ils
pu voir dans cette ville immense et agitée de tant de passions
diverses ?
Combien
de grands dont le sommeil, les débauches ou la dureté les auront
éconduits ? Combien, après les ennuis d'une longue attente,
leur échapperont en feignant une affaire pressante ? Combien
d'autres, évitant de paraître dans le vestibule rempli de clients,
s'échapperont par quelque issue secrète, comme s'il n'était pas
plus dur de tromper que de refuser sa porte ! Combien à moitié
endormis et la tête encore lourde des excès de la veille,
entrouvriront à peine les lèvres pour balbutier, avec un bâillement
dédaigneux, le nom mille fois annoncé de ces infortunés, qui ont
hâté leur réveil pour attendre celui des autres !
Ceux-là,
nous pouvons le dire, s'attachent à leurs véritables devoirs, qui
tous les jours ont avec les Zénon, les Pythagore, les Démocrite,
les Aristote, les Théophraste, et les autres précepteurs de la
morale et de la science, des relations intimes et familières. Aucun
de ces sages qui n'ait le loisir de les recevoir ; aucun qui ne
renvoie ceux qui sont venus à lui, plus heureux et plus affectionnés
à sa personne ; aucun qui souffre que vous sortiez d'auprès de
lui les mains vides. Nuit et jour leur accès est ouvert à tous les
mortels.
Nul
d'entre eux ne vous forcera de mourir, tous vous apprendront à
quitter la vie ; aucun ne vous fera perdre vos années, chacun y
ajoutera les siennes ; nul ne vous compromettra par ses
discours ; nul n'exposera vos jours par son amitié, et ne vous
fera chèrement acheter sa faveur. Vous retirerez d'eux tout ce que
vous voudrez ; et il ne tiendra pas à eux que, plus vous aurez
puisé à cette source abondante, plus vous y puisiez de nouveau.
Quelle
félicité, quelle belle vieillesse sont réservées à celui qui
s'est mis sous leur patronage ! il aura des amis avec lesquels
il pourra délibérer sur les plus grandes comme sur les plus petites
affaires, recevoir tous les jours des conseils, entendre la vérité
sans injure, la louange sans flatterie, et les prendre pour modèles.
On
dit souvent qu'il n'a pas été en notre pouvoir de choisir nos
parents ; que le sort nous les a donnés. Il est pourtant une
naissance qui dépend de nous. Il existe plusieurs familles
d'illustres génies ; choisissez celle où vous désirez être
admis, vous y serez adopté, non seulement pour en prendre le nom,
mais les biens, et vous ne serez point tenu de les conserver en homme
avare et sordide ; ils s'augmenteront au fur et à mesure que
vous en ferez part à plus de monde.
Ces
grands hommes vous ouvriront le chemin de l'éternité, et vous
élèveront à une hauteur d'où personne ne pourra vous faire
tomber. Tel est le seul moyen d'étendre une vie mortelle, et même
de la changer en immortalité. Les honneurs, les monuments, tout ce
que l'ambition obtient par des décrets, tous les trophées qu'elle
peut élever, s'écroulent promptement : le temps ruine tout, et
renverse en un moment ce qu'il a consacré. Mais la sagesse est
au-dessus de ses atteintes. Aucun siècle ne pourra ni la détruire,
ni l'altérer. L'âge suivant et ceux qui lui succéderont, ne feront
qu'ajouter à la vénération qu'elle inspire ; car l'envie
s'attache à ce qui est proche, et plus volontiers l'on admire ce qui
est éloigné.
La
vie du sage est donc très étendue ; elle n'est pas renfermée
dans les bornes assignées au reste des mortels. Seul il est
affranchi des lois du genre humain : tous les siècles lui sont
soumis comme à Dieu : le temps passé, il en reste maître par
le souvenir ; le présent, il en use ; l'avenir, il en
jouit d'avance. Il se compose une longue vie par la réunion de tous
les temps en un seul.
Mais
combien est courte et agitée la vie de ceux qui oublient le passé,
négligent le présent, craignent pour l'avenir ! Arrivés au
dernier moment, les malheureux comprennent trop tard qu'ils ont été
si longtemps occupés à ne rien faire.
Et,
de ce qu'ils invoquent quelquefois la mort, n'allez pas en conclure
que leur vie soit longue : leur folie les agite de passions
désordonnées qui les précipitent même vers ce qu'ils craignent ;
aussi ne désirent-ils souvent la mort que parce qu'ils la redoutent.
Ne
regardez pas non plus comme une preuve qu'ils vivent longtemps, si le
jour, souvent, leur paraît long, et qu'en attendant le moment fixé
pour leur souper, ils se plaignent que les heures s'écoulent avec
lenteur ; car si quelquefois leurs occupations les quittent, ils
sont tout accablés du loisir qu'elles leur laissent ; ils ne
savent ni comment en faire usage, ni comment s'en débarrasser :
aussi cherchent-ils une occupation quelconque : et tout le temps
intermédiaire devient un fardeau pour eux. Cela certes est si vrai,
que, si un jour a été indiqué pour un combat de gladiateurs, ou si
l'époque de tout autre spectacle ou divertissement est attendue, ils
voudraient franchir tous les jours d'intervalle.
Tout
retardement à l'objet qu'ils désirent leur semble long. Mais le
moment après lequel ils soupirent est court et fugitif, et devient
encore plus rapide par leur faute ; car d'un objet ils passent à
un autre, et aucune passion ne peut seule les captiver. Pour eux les
jours ne sont pas longs mais insupportables. Combien, au contraire,
leur paraissent courtes les nuits qu'ils passent dans les bras des
prostituées et dans les orgies !
Aussi
les poètes, dont le délire entretient par des fictions les
égarements des hommes, ont-ils feint que Jupiter, enivré des
délices d'une nuit adultère, en doubla la durée. N'est-ce pas
exciter nos vices que de les attribuer aux dieux, et de donner pour
excuse à la licence de nos passions les excès de la Divinité ?
Pourraient-elles ne leur point paraître courtes, ces nuits qu'ils
achètent si cher ? Ils perdent le jour dans l'attente de la
nuit, et la nuit dans la crainte du jour.
Leurs
plaisirs mêmes sont agités ; ils sont en proie à mille
terreurs ; et au sein de leurs jouissances cette pensée
importune se présente à leur esprit : "Combien ce bonheur
doit-il durer ?" triste réflexion qui a souvent fait gémir
sur leur puissance les rois, moins satisfaits de leur grandeur
présente qu'effrayés de l'idée de son terme.
Mais
que dis-je ? leurs joies mêmes sont inquiètes ; car elles
ne reposent pas sur des fondements solides : la même vanité
qui les fait naître, les trouble. Que doivent être, pensez-vous,
les moments de leur vie, qui, de leur aveu même, sont malheureux, si
ceux dont ils s'enorgueillissent et qui semblent les élever
au-dessus de l'humanité, sont loin de leur offrir un bonheur sans
mélange ?
Sénèque
De
la brièveté de la vie
Partie
II. Questions
Vous
répondrez à chacune des questions en un paragraphe d'une dizaine de
lignes maximum.
1.
Justifiez le jugement de Sénèque, « Ces
grands hommes vous ouvriront le chemin de l'éternité ».
2.
Que veut dire l'auteur lorsqu'il affirme « leurs
joies mêmes sont inquiètes ; car elles ne reposent pas sur des
fondements solides : la même vanité qui les fait naître, les
trouble ».
Proposition de résumé
Studieuse, apaisée, la
vie bonne recueille le legs des générations antérieures dont les
sages demeurent pour moi toujours disponibles pour un dialogue.
Au contraire l'agitation
fiévreuse des foules est gage d'isolement. Puissants et valets
s'obligent, se jalousent, se méprisent perpétuellement ; ils
dilapident leurs heures en vains cérémoniels. / Ils ne cultivent
aucune amitié spirituelle, seule capable de nous apprendre à mourir
et à vieillir en jouissant d'une belle existence, autonome et
généreuse.
Le bonheur suppose la
fréquentation des philosophes offrant gratuitement leurs lumières
et nous incitant bientôt à reprendre le flambeau !
Humbles, conscients de
la vanité des // gloires terrestres, vous résisterez au temps.
Divine est en effet la vie qui garde en mémoire les biens passés,
résiste aux désirs fuyants, s'accomplit dans le présent.
Mais la vie devient
misérable pour les insensés que la mort angoisse et fascine. Et le
temps s'accélère à mesure qu'il se /// perd. Les divertissements
communs comme les plus vifs ou rares ne satisfont guère les oisifs
qui s'ennuient parfois jusqu'au désespoir, ni les jouisseurs qui
souffrent d'impatience compulsive, redoutent la fin précoce et
inéluctable de leurs plaisirs éphémères.
Qui arrivera donc à dire combien
l'inquiétude / ruine le bonheur et décuple les maux ?
208 mots
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