Trois développements supplémentaires :
La problématique morale
du temps n'est pas uniquement celle de son utilisation judicieuse.
L'emploi du temps bien réglé ne règle au mieux que des problèmes
accessoires. Il n'entrave pas la fuite du temps. Il n'évite pas la
survenue de l'intempestif. Il ne résiste à vrai dire pas du tout
aux sollicitations pressantes de l'instant. Volant en éclat au
moindre assaut de la volonté ou de la « passion profonde »
pour reprendre l'expression du chapitre I de L'Essai, il ne
garantit rien.
En droit, la morale
impose à tout le monde les mêmes devoirs durant toute la vie. Elle
véhicule les mêmes obligations qui ne nous rapportent rien sauf
l'essentiel : la préservation de notre dignité et de celle des
autres. La morale nous fait accéder à l'universel.
Or il ne saurait y avoir
d'emploi du temps universel ! Nous n'avons pas tous à faire la
même chose de notre vie ! L'urgence des uns n'est pas celle des
autres.
Si on y réfléchit
attentivement, le temps n'est donc pas un ingrédient de la morale.
Car il est au cœur du questionnement moral ! Celui qui cherche
à faire son devoir se pose des questions, en tant que personne
morale. Qu'est-ce qui nous est demandé au fond de notre cœur ?
Et cela veut dire : qu'est-ce qui nous toujours d'ores et
déjà demandé ? Il s'interroge encore. À
quoi doit-on
absolument souscrire quand on est un être humain ? Et il
comprend que cela veut dire : à quoi
devons-nous souscrire hic et nunc, maintenant, sans
remettre à plus tard notre décision ?
En un discours d'une minute, Fabrice
Hadjadj revient sur le sens moral de la durée. Y a-t-il urgence à
changer, à nous changer ou à changer le monde dans lequel nous
sommes ? Non, il y a urgence à conserver le monde ! Et
paradoxalement il y a pour nous tous une urgence à prendre le temps
de vivre, le temps de contempler les visages autour de soi, de
donner sa chance à la diversité ! Bref à retrouver la durée.
Déclinons d'abord ce paradoxe de l'urgence morale en une analyse éthique, celle de la décision. Et voyons dans le cas de la rencontre
authentique avec autrui quelle disponibilité est attendue de nous.
Le terme est de
disponibilité est d'ailleurs à réfléchir plus longuement à qui
veut penser la morale concrète. Adopter un comportement moralement
juste c'est se rendre disponible. Or, s'il faut se rendre disponible,
cela veut bien dire qu'un individu n'est en général pas disponible.
Il ne l'est pas car il est accaparé par ses soucis du moment. Il ne
l'est pas vraiment car il pense à défendre d'abord ses intérêts
qui apparaissent plus urgents que les autres, pour la simple raison
qu'il s'agit de ses intérêts à soi. Qu'il les a en permanence à
l'esprit...
Se rendre disponible,
c'est accepter un sacrifice. Même s'il ne s'agit que de sacrifier
quelques secondes à écouter quelqu'un nous demander le bon chemin.
Que penser d'un enfant qui n'est jamais disponible pour aider sa mère
que dans cinq minutes ou plus tard ? Qu'il ne s'est pas rendu
disponible. Car il ne veut pas maintenant sacrifier son jeu ou son
plaisir égocentrique. Que penser d'un directeur qui accepte de
recevoir un employé mais seulement pour cinq minutes car son emploi
du temps est chargé et qu'il n'a guère le temps. Qu'il ne se rend
pas davantage disponible, préfère maintenir un rapport hiérarchique
que d'engager un dialogue, car ce directeur ne pense a priori pas
trouver d'intérêt à l'entretien.
La disponibilité immédiate et sans retenue est au
cœur de l'engagement moral, ce dernier ne pouvant être vraiment moral, tourné vers le bien et non l'intérêt égoïste, qu'à
condition d'être généreux.
a) Le problème de la décision
La décision est bien
dors et déjà pour chacun de nous un problème moral. Dans l'idéal
quand j'apprends que quelqu'un souffre je reconnais immédiatement
qu'il m'adresse par sa souffrance une demande : des soins, de
l'aide, de la compréhension. Et puisque je reconnais effectivement
que j'ai bien reçu une demande, je dois formuler une réponse au
plus tôt : accepter ou refuser ce qu'on attend de moi. En
acceptant je choisis de faire le bien. En refusant, je le refuse. Par
exemple quelqu'un de la Croix-Rouge me sollicite dans la rue pour
donner de l'argent aux sans-abris, une publicité à la radio vient
de me suggérer de faire un legs pour une institution prenant en
charge des orphelins, un écrivain (Peter Singer) me demande via son
livre, Sauver une vie, à moi ainsi qu'à tout autre lecteur,
de céder la moitié de ma fortune ou la moitié de mes revenus pour
venir à bout du scandale de la misère dans le monde. Or
habituellement je fais comme si aucune demande ne m'avait encore été
adressée... non parce que je n'en ai reçu aucune, mais parce que je
feins de le croire. Je contourne la personne de la Croix-Rouge ou
change même de trottoir et quelques mètres plus loin j'ai déjà
oublié sa demande, quoique je sois certain que la souffrance sur
laquelle elle attirait mon attention existe toujours...
Manœuvres, comme s'il
suffisait de marcher, de changer de trottoir, pour faire taire la
voix morale en soi...
Cette décision de
différer la décision est souvent si rapide qu'elle passe inaperçue.
Mais elle est aussi très répandue et ne doit pas être considérée
comme anodine.
La tendance à fuir la
décision semble d'ailleurs universelle, en fait, comme la morale est
universelle, en droit. Et elle semble ne pas se limiter au domaine de
la charité et des sollicitation importunes dans l'ordre de la
charité publique. Elle est générale. Il s'agit en réalité du
comportement normal s'il en est dans toute société qu'on peut
qualifier de comportement de mauvaise foi. Si cette tendance à
refuser le choix est bien interprétée, il faut en effet voir que
l'individu qui choisit de remettre la décision à plus tard le fait
en réalité pour occulter la demande durablement, voire
définitivement. Il s'agit sans doute d'un individu qui est maintes
fois sollicité dans le cours de sa vie sociale et qui peut penser,
ou dire, qu'il lui est matériellement impossible de répondre à
toutes ces demandes qu'il ne cesse de recevoir. La vie sociale n'est
plus vivable s'il s'agit d'être, en permanence, disponible aux
autres !
La mauvaise foi peut être
incarnée par la main qui refuse de donner au mendiant, elle est
également illustrée par la manœuvre de la femme cherchant à
échapper aux avances de la main d'un « prétendant »,
analysée finement dans L'Être et le néant de Jean-Paul
Sartre :
Voici,
par exemple, une femme qui s'est rendue à un premier rendez-vous.
Elle sait fort bien les intentions que l'homme qui lui parle nourrit
à son égard. Elle sait aussi qu'il lui faudra prendre tôt ou tard
une décision. Mais elle n'en veut pas sentir l'urgence : elle
s'attache seulement à ce qu'offre de respectueux et de discret
l'attitude de son partenaire. Elle ne saisit pas cette conduite comme
une tentative pour réaliser ce qu'on nomme "les premières
approches", c'est-à-dire qu'elle ne veut pas voir les
possibilités de développement temporel que présente cette conduite
: elle borne ce comportement à ce qu'il est dans le présent, elle
ne veut pas lire dans les phrases qu'on lui adresse autre chose que
leur sens explicite, si on lui dit : « Je vous admire tant », elle
désarme cette phrase de son arrière-fond sexuel, elle attache aux
discours et à la conduite de son interlocuteur des significations
immédiates qu'elle envisage comme des qualités objectives. L'homme
qui lui parle lui semble sincère et respectueux comme la table est
ronde ou carrée, comme la tenture murale est bleue ou grise. Et les
qualités ainsi attachées à la personne qu'elle écoute se sont
ainsi figées dans une permanence chosiste qui n'est autre que la
projection dans l'écoulement temporel de leur strict présent. C'est
qu'elle n'est pas au fait de ce qu'elle souhaite : elle est
profondément sensible au désir qu'elle inspire, mais le désir cru
et nu l'humilierait et lui ferait horreur. Pourtant, elle ne
trouverait aucun charme à un respect qui serait uniquement du
respect. Il faut, pour la satisfaire, un sentiment qui s'adresse tout
entier à sa personne, c'est-à-dire à sa liberté plénière, et
qui soit une reconnaissance de sa liberté. Mais il faut en même
temps que ce sentiment soit tout entier désir, c'est-à-dire qu'il
s'adresse à son corps en tant qu'objet. Cette fois donc, elle refuse
de saisir le désir pour ce qu'il est, elle ne lui donne même pas de
nom, elle ne le reconnaît que dans la mesure où il se transcende
vers l'admiration, l'estime, le respect et où il s'absorbe tout
entier dans les formes plus élevées qu'il produit, au point de n'y
figurer plus que comme une sorte de chaleur et de densité. Mais
voici qu'on lui prend la main. Cet acte de son interlocuteur risque
de changer la situation en appelant une décision immédiate :
abandonner cette main, c'est consentir de soi-même au flirt, c'est
s'engager. La retirer, c'est rompre cette harmonie trouble et
instable qui fait le charme de l'heure. Il s'agit de reculer le plus
loin possible l'instant de la décision. On sait ce qui se produit
alors : la jeune femme abandonne sa main, mais ne s'aperçoit pas
qu'elle l'abandonne. Elle ne s'en aperçoit pas parce qu'il se trouve
par hasard qu'elle est, à ce moment, tout esprit. Elle entraîne son
interlocuteur jusqu'aux régions les plus élevées de la spéculation
sentimentale, elle parle de la vie, de sa vie, elle se montre sous
son aspect essentiel : une personne, une conscience. Et pendant ce
temps, le divorce du corps et de l'âme est accompli ; la main repose
inerte entre les mains chaudes de son partenaire : ni consentante ni
résistante - une chose.
Nous
dirons que cette femme est de mauvaise foi. Mais nous voyons aussitôt
qu'elle use de différents procédés pour se maintenir dans cette
mauvaise foi. Elle a désarmé les conduites de son partenaire en les
réduisant à n'être que ce qu'elles sont, c'est-à-dire à exister
sur le mode de l'en-soi. Mais elle se permet de jouir de son désir,
dans la mesure où elle le saisira comme n'étant pas ce qu'il est,
c'est-à-dire où elle en reconnaîtra la transcendance. Enfin, tout
en sentant profondément la présence de son propre corps - au point
d'être troublée peut-être - elle se réalise comme n'étant pas
son propre corps et elle le contemple de son haut comme un objet
passif auquel des événements peuvent arriver, mais qui ne saurait
ni les provoquer ni les éviter, parce que tous ses possibles sont
hors de lui. Quelle unité trouvons-nous dans ces différents aspects
de la mauvaise foi ? C'est un certain art de former des concepts
contradictoires, c'est-à-dire qui unissent en eux une idée et la
négation de cette idée.
Dans cet exemple il
s'agit d'une réponse à un désir. Pour n'avoir pas à décider tout
de suite, pour n'avoir pas à décider du tout, la femme du
rendez-vous comprend volontairement de travers ce qui lui est
suggéré. Elle joue un rôle. Elle est de mauvaise foi dans sa
manière de reculer la prise de décision. Rappelons que la mauvaise
foi n'est pas forcément condamnable, du point de vue de la société
qui ne peut imposer à tous d'être toujours de bonne foi.
L'attitude de la femme
dans l'exemple de Sartre est d'abord une manœuvre salutaire, même
s'il s'agit d'une fuite, d'une tactique de fuite. Par la mauvaise
foi, on joue ou feint de jouer. On ne refuse pas des compliments mais
on ne les accepte pas. On se protège des compliments qui sont autre
chose que de simples compliments. On gagne ainsi un délai dans le
jeu de la séduction. Protection sans doute efficace mais guère
satisfaisante à terme, pour la femme elle-même qui se retrouve
finalement piégée par ses contradictions. D'abord, elle chosifie
son interlocuteur en lui conférant des qualités objectives, ce qui
relègue sa personnalité au second rang et la neutralise ;
puis, la neutralisation étant passablement inopérante du fait de
l'insistance du prétendant, la femme se chosifie à son tour, comme
pour élever sa propre personnalité bien au dessus des basses
contingences matérielles...
Ce rôle qu'elle doit
jouer est en fait dangereux. Car, indiquant ces sommets elle doit
vite les rejoindre, parvenu à ses sommets, elle doit encore s'y
maintenir... c'est la surenchère !
La mauvaise foi
intervient tout autant dans les réponses aux commandements moraux.
Dans les réponses aux obligations morales qui précisément révèlent
notre liberté et ne sont aucunement des contraintes.
Ce n'est pas pour autant
que le sentiment de la contrainte disparaît. En effet, par la force
des émotions qu'elle suscite (pitié, amour) et par la sincérité
ou l'absence d'hypocrisie qu'elle nécessite non moins implacablement
qu'un théorème de mathématique, la morale semble nous imposer une
règle temporelle psychologiquement très contraignante : ne pas
différer, répondre tout de suite, fournir sans délai des réponses
définitives. Il n'y aurait dans le monde de la morale qu'un instant
préférable à tout autre, l'instant présent. Pas même l'instant
prochain, le plus tôt possible... mais bien l'instant présent !
En un sens, il serait
toujours déjà trop tard. Car, s'il s'agit de sa conscience, de la
« bonne conscience » qui veut ce qui est bien, il
faudrait rattraper le temps perdu à ne vouloir que ce qui est bien
pour soi et absolument pas pour autrui ! Et, s'il s'agit de se
tourner vers les personnes vulnérables pour enfin leur venir en
aide, leur produire des soins appropriés, il ne faudrait surtout pas
perdre davantage de temps !
Prolongement, la décision
comme saisie du moment opportun. Sur l'idée de kaïros et la
prudence, intelligence de la contingence (phronesis d'Aristote),
"Kaïros ou comment savoir qu'il s'agit du bon moment pour
agir", Caroline Baudouin, (2011, M-éditer)
b) La question de la répétition
Qu'est-ce l'homme ? Un être doué de parole. Un animal politique. Une personne élevée dans une société à qui il doit son humanisation, sa culture. Un individu membre d'une espèce intelligente qui ne se réduit jamais à de simples déterminations biologiques.
C'est, d'après
Kierkegaard, un disciple du possible. Un être qui vit d'idéal, qui
doit refuser l'idée que ce qui n'a encore jamais été fait est et
demeurera impossible.
C'est encore, d'après
Hannah Arendt, l'être capable de commencements. Un être capable de
jugements, même sil ne possède pas de règle suivant laquelle
juger, car il peut en inventer une adapter à l'objet qu'il découvre
devant lui. Un être capable de générosité, qui donne sans autre
raison qu'il veut venir en aide, alors même qu'à lui on n'a rien
donné et qu'il n'a donc pas de dette à rembourser.
Le temps déjà vécu
conditionne le temps qui reste à vivre. Mais il ne faudrait pas voir
dans le déterminisme ni comme déterminisme métaphysique ou général
ni comme déterminisme sociétal une sorte de force qui nie la
liberté. Au contraire c'est ce qui permet à l'être d'être
efficace dans son action et donc le rend libre. Ouvert aux possibles,
et toujours libre d'inaugurer des commencements.
Bergson, troisième
chapitre de l'Essai sur les données immédiates de la conscience
"La
vérité est que le moi, par cela seul qu'il a éprouvé le premier
sentiment, a déjà quelque peu changé quand le second survient :
à tous les moments de la délibération, le moi se modifie et
modifie aussi, par conséquent, les deux sentiments qui l'agitent.
Ainsi se forme une série dynamique d'états qui se pénètrent, se
renforcent. les uns les autres, et aboutiront à un acte libre par
une évolution naturelle."
c) L'évènement de la rencontre
Tout évènement est une
rupture dans l'ordre du temps, dans la série des choses qui doivent
ou devaient arriver. Un évènement parmi tant d'autres nous concerne
directement, le fait de trouver quelqu'un devant soi, sur son
passage, qui nous a vu et sait que nous l'avons également vu. Il
s'agit de la rencontre. Or il est possible de parler du caractère
"destinal" (lié au destin) de toute rencontre
importante, de toute "vraie" rencontre pour reprendre
l'analyse de la sociologue Cécile Duteille.
Il faut tenir compte du
caractère destinal de la rencontre,
"autrement
dit de sa capacité à provoquer le changement et à bouleverser de
manière radicale l’ordre existentiel du sujet. Bien que
d’inspiration phénoménologique, la démarche qui veut lire les
choses dans les petits actes ordinaires oublie l’autre rencontre. «
La vraie », serais-je tentée de dire pour m’exprimer comme tout
le monde ; celle « qui
me décentre et m’invite à exister
» (Cyrulnik, "L'imperceptible sensation de l'autre", p.
65) ; celle qui n’autorise à parler d’un « acteur
rationnel » qu’après
coup. La rencontre – dans laquelle « se
constitue le secret inépuisable de l’autre »
(Buytendijk, Phénoménologie
de la rencontre, p.
7) – se donne pour le sens commun, comme phénomène d’exception
dont la combinaison peut paraître magique. Elle est avant tout ce
je-ne-sais-quoi qui apparaît dans le visage de l’Autre, un
événement toujours nouveau qui sur-vient pour révolutionner le
soi. Elle est ce mouvement unique, à la fois premier et dernier,
primultime comme l’a écrit Vladimir Jankélévitch (La
mort, pp. 300-320).
Elle est enfin cet événement qui reçoit son sens destinal –
d’autres diront « existential
» (Buytendijk, p. 11) ou encore « événemential
» (Romano, 1998, p. 40 et suiv.) – rétrospectivement, lorsque
l’être rencontrant comprend qu’il a été, avant toute chose,
rencontré par ce qu’il poursuit.
(...)
Envisagé comme surgissement du temps, comme événement, le
phénomène de la rencontre se distingue ainsi du fait ordinaire des
interactions. Il n’apparaît plus seulement comme le résultat
d’habitudes mais surgit, jaillit au milieu de ces mêmes habitudes,
créant une béance, un désordre qui donnera lieu à une tentative
de réorganisation autour d’autre chose, un autre quotidien.
Explosive, convulsive,
flambante, alchimique, contre les « rencontres » ordinaires, la
rencontre extra-ordinaire — que j’appelle plus volontiers
rencontre destinale, car nous la vivons comme nous destinant à des
horizons insoupçonnés — vient rompre la continuité du vécu
quotidien, de la routine, en créant un déplacement de soi à soi
par la médiation de l’autre. La surprise face à l’inattendu est
fonction de son effet. Louis-Vincent Thomas, anthropologue
spécialiste de l’insolite, écrit à ce propos que la rencontre «
exprime le fait de
voir une personne ou un objet en un lieu ou à un moment où l’on
ne s’attendait pas à cette présence, à plus forte raison si
celle-ci s’avère incongrue »
," Imaginaire et rencontres insolites" p. 11). Entre
l’avant et l’après de la rencontre, entre temps du même et
temps de l’autre, temps de la répétition et temps de l’exception
s’instaure une rupture temporelle que nous vivons comme telle, même
si le temps n’a pas de réalité matérielle.
Le
phénomène de « rupture
» ne peut avoir lieu
que dans ce que nous appelons la «
temporalité ». Le
philosophe Marcel Conche la définit comme le «
temps de la conscience ou de l’existence
» et l’oppose au «temps
de la nature »
(Temps et destin,
p. 108), objectivement non maîtrisable."
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